Ce mois-ci je vous présente un batteur atypique qui à fait de la batterie un langage. Tout ce qu’on apprend passe par le cerveau, nos bras et nos jambes ne font que suivre ses instructions, et le seul moyen de savoir si l’on comprend un rythme est de le chanter. Dans cette méthode, Ludovic Defacques vous donne les clés pour mieux comprendre, mieux écouter et mieux jouer votre instrument.
FICHE SIGNALÉTIQUE
NOM : DEFACQUES
PRENOM : Ludovic
Date de naissance : 14 aout 1973
Lieu de naissance : Lagny sur Marne (77)
Lieu d’habitation actuel : Lagny sur Marne
Réseaux sociaux :
Facebook : www.facebook.com/ludovic.defacques
RENCONTRE
Ludovic nous parlera de sa méthode le 18 juin 2014 à 18h30 dans la salle Olympe de Gouges de St Germain Lès Arpajon (91). L’entrée est gratuite. Venez le rencontrer.
INTERVIEW
WMS : Comment as tu débuté la musique ?
J’avais 13 ans, quand j’ai commencé à jouer de la batterie. J’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre maintenant que j’en ai 40 et je ne me souviens plus très bien quelles étaient mes motivations alors : une surabondance d’énergie, l’envie de tout casser peut être ? Et puis beaucoup de désir pour la musique .
Comment as tu appris la batterie ?
J’ai pris quelques cours particuliers. Ensuite je suis allé à l’école Agostini et puis j’ai appris avec Georges Paczynski. Ce qui m’a permis d’avancer c’est aussi de beaucoup jouer sur des disques, essayer de reproduire ce que j’entendais et de jouer en même temps.
Au début de mon apprentissage je cherchais à taper vite et fort; jusqu’au moment où, avec Georges Paczynski notamment, j’ai fini par comprendre que la technique ce n’était pas uniquement une question de dextérité mais essentiellement une question de qualité de son. Du coup, il était question d’essayer de reproduire des sons qui me plaisaient, à travers des exercices comme les rudiments, la gestuel, la maîtrise du rebond.
Quelles sont tes influences musicales?
Il y en a un qui « domine » mes oreilles, depuis que je suis adolescent, plus que les autres; c’est Miles Davis.
Ah bon Miles Davis? mais c’est un trompettiste!!
Pour moi il y eu Bach, Mozart, Beethoven… et Miles Davis. 😉
Et pour la batterie ?
Celui que j’ai le plus écouté c’est Roy Haynes.
Quels sont les 3 morceaux qu’un batteur devrait connaitre par coeur ?
Les morceaux qu’il veut, ceux qu’il doit jouer en contexte. 3 morceaux, ça ne suffit pas à faire un répertoire pour un concert !
On trouve beaucoup d’outils pédagogiques, quels sont les incontournables ?
Aucun et tous à la fois, ce ne sont que des outils, et en plus pédagogiques; ce qui veut dire : pas une finalité. Ce qui compte dans un apprentissage, c’est le désir de l’apprenti, le maître qui maitrise et qui montre en contexte, la relation entre l’apprenti et le maître puis la méthode et la pédagogie. Les cursus et les diplômes ne sont pas essentiels et sont même plutôt contre-productifs.
Comment développer son propre jeu ?
Il y a une étape où il faut arrêter d’écouter les autres, vivre des expériences propres et personnelles.
Comment te prépares tu pour jouer sur scène ?
J’accorde une guitare à l’oreille… Cela me permet de voir ce que j’entends à ce moment là et à me concentrer sur l’écoute.
Comment te prépares tu pour jouer en studio ?
La scène nécessite beaucoup d’énergie alors qu’en studio, il faut vraiment être tout de suite relax et précis. Je joue de la flûte, ça me détend.
Quels conseils donnerais tu aux débutants ?
Avant tout il faut essayer de faire danser les gens avec des tambours…
Combien de temps doit on travailler pour arriver à un bon niveau et à quelle fréquence?
Certains ont l’air content après quelques années de pratique régulière. Personnellement, je suis satisfait depuis peu. Cela fait 27 ans que je joue, il m’a bien fallu pratiquer plusieurs heures par jour pendant des années pour avoir un niveau professionnel, mais maintenant, il est plus question de qualité que de quantité.
Quel exercice est il important de travailler ?
Ceux qui permettent de développer des sensations musicales. C’est plus une question de manière de pratiquer un exercice que l’exercice lui même. L’exercice c’est un prétexte pour aborder une compétence en particulier comme le toucher, la coordination, etc….
Aujourd’hui travailles tu toujours ton instrument ? quels types d’exercices ?
Oui, je travaille les points d’appuis et le mélange des figures rythmiques. J’essaie de jouer le plus lentement possible, c’est cela qui permet de progresser vite, et de gagner en dextérité. Mais je pratique surtout la Flûte traversière, c’est l’opposé de la batterie. Cela me fait découvrir la batterie sous un nouveau jour.
Peux tu nous raconter une anecdote de ta vie de musicien ?
J’ai pris un cours avec George Brown (batteur de Wes Montgomery). J’étais jeune, je voulais qu’il me livre son secret sur le swing. Il m’a dit qu’il fallait être relax. Cela ne m’a pas suffi alors j’ai insisté, et puis il s’est mis à jouer le cha-ba-da quelques mesures, il s’est arrêté, il m’a fait remarquer qu’il avait la chair de poule et m’a dit : « Le jour où tu auras des frissons, ce sera bon ». Cours magistral !!
Parle nous de ta méthode « Le chant des batteurs ».
C’est une méthode qui propose l’acquisition du langage de la batterie par le chant. Le principe est simple, faire un travail sur la mémoire par l’intermédiaire de la voix. Car c’est grâce à la mémoire que nous emmagasinons et restituons les éléments du langage. Il est question avant tout, d’écouter, puis d’énoncer l’idée musicale à voix haute (avec des onomatopées), l’entendre avec ses oreilles pour la restituer sur l’instrument.
Que peut elle apporter à un batteur débutant, à un batteur plus avancé?
C’est une méthode inédite, qui s’appuie sur des fondements universels de l’apprentissage. Il est donc fort probable qu’elle puisse apporter quelque chose à tout un chacun. Les plus jeunes éviteront de développer un jeu mécanique. Et pour les plus expérimentés, elle leur permettra d’améliorer leur dextérité auditive par exemple.
Penses tu que chacun peut s’approprier ce concept et inventer ses propres onomatopées?
Oui, mais il en existe déjà tellement qui ont fait leurs preuves. C’est pour ça que je n’ai fait que développer des systèmes d’onomatopées déjà existantes. Je propose différentes solutions.
Comment en es tu arrivé à développer ce concept?
C’est George Paczynski qui m’a demandé de chanter pour la première fois. Puis quand je me suis intéressé au Djembé, là aussi il était question de chanter. Mais c’est en prenant des cours de Tabla avec Prabhu Edward, que j’ai eu l’idée. Depuis, j’ai ratissé large, en puisant dans les domaines déjà nommés, mais aussi dans le Beatbox, les musiques sud américaines et les sciences du langage.
Merci Ludovic de nous avoir fait découvrir ton univers et poum tchi koum pa koum koum pa 😉