Échos du tambour : la vie et l’héritage de Nick Mason

 

Quand on parle de Pink Floyd, on évoque souvent l’angoisse poétique de Roger Waters, la guitare envoûtante de David Gilmour ou les touches surnaturelles de Richard Wright. Mais discrètement – ​​et constamment – ​​derrière les paysages sonores surréalistes et les albums conceptuels se cache Nick Mason, seul membre constant et pilier rythmique du groupe.

Batteur peu connu pour ses solos explosifs ou son sens du spectacle technique, Mason a bâti son héritage sur l’atmosphère, la subtilité et le feeling. Son approche n’était pas de dominer la musique, mais de la servir, de la façonner, de laisser libre cours à la vision expérimentale du groupe. Du psychédélisme chaotique des années 1960 aux épopées conceptuelles des années 1970 et au-delà, la batterie de Mason est devenue partie intégrante de l’identité de Pink Floyd.

C’est l’histoire de Nick Mason, un homme dont la batterie ne se contentait pas de marquer le rythme, mais le créait, qui a contribué à redéfinir ce que pouvait être la batterie rock et qui continue d’inspirer des générations de musiciens derrière la batterie.

 

Jeunesse et éveil musical

Né le 27 janvier 1944 à Birmingham, en Angleterre, Nicholas Berkeley Mason grandit dans le quartier huppé de Hampstead, à Londres. Son père, Bill Mason, était réalisateur de documentaires, et sa famille cultivait créativité et curiosité. Mais ce n’était pas le cinéma qui attirait le jeune Nick, mais le rythme.

Enfant, il était attiré par les disques de jazz et le jeu percussif de batteurs comme Art Blakey et Max Roach. Pourtant, ce n’est qu’au début des années 1960, lorsqu’il commença des études d’architecture à l’école polytechnique de Regent Street, que la musique passa de la fascination à la vocation. C’est là qu’il rencontra Roger Waters, Richard Wright et Bob Klose, et qu’ensemble, ils formèrent le noyau de ce qui allait devenir Pink Floyd.

 

La naissance de Pink Floyd

Le groupe a rapidement évolué, passant de Sigma 6 à l’icône underground psychédélique du UFO Club londonien. Avec l’arrivée de Syd Barrett, leur son a pris une tournure sauvage et imprévisible.

Le jeu de Mason à ses débuts – entendu sur The Piper at the Gates of Dawn (1967) – était libre, expérimental et plein de caractère. Il jouait souvent avec des maillets, incorporait des percussions non traditionnelles et s’ouvrait à l’étrange. Tandis que le jeu de guitare de Barrett était planant et chatoyant, Mason lui donnait une base tribale, presque rituelle.

 

L’architecte du son : style et évolution de la batterie

Le style de Nick Mason défie les stéréotypes tape-à-l’œil. Son jeu est :

  • Texturé, pas agressif : il construit des couches plutôt que de les percer.
  • Sculpteur rythmique : pensez à son intro emblématique en rototom sur « Time » — pas seulement un rythme, mais une déclaration.
  • Émotionnellement en phase : ses remplissages montent et descendent avec l’arc de la chanson plutôt qu’avec l’ego.
  • Un maître de l’espace : dans « Set the Controls for the Heart of the Sun », il laisse le silence porter son poids.

Il a joué un rôle particulièrement important sur des albums comme Meddle (1971) et The Dark Side of the Moon (1973), où le groupe est devenu un véritable architecte sonore. Le travail de Mason sur « Echoes » et « Any Colour You Like » révèle un batteur à l’écoute de la composition, et pas seulement de l’horloge.

 

Les années Floyd : de Dark Side à The Wall 

L’ascension de Pink Floyd dans les années 70 a vu Mason s’adapter à des concepts toujours plus ambitieux :

Alors que les relations au sein du groupe se fracturaient, Mason conservait une réputation de diplomate, souvent pris entre deux feux entre Waters et Gilmour.

 

La vie au-delà de Wall : travail solo et nouvelles directions

Alors que Floyd est entré dans une longue période de dormance créative après The Final Cut (1983), Mason a exploré de nouvelles voies :

  • Nick Mason’s Fictitious Sports (1981) : un solo de jazz-rock avec Carla Bley et Robert Wyatt.
  • Il a contribué aux enregistrements et aux musiques de films d’autres artistes.
  • Mason est resté impliqué lorsque Pink Floyd est revenu sans Waters sur A Momentary Lapse of Reason (1987) et The Division Bell (1994), et il est apparu sur leur dernier album studio, The Endless River (2014).

 

Revivre les premiers jours : Saucerful of Secrets

En 2018, Mason a créé la surprise en remontant sur scène, non pas pour une nouvelle tentative de reformation, mais avec un nouveau groupe, Saucerful of Secrets de Nick Mason. Plutôt que d’interpréter les morceaux les plus célèbres de Floyd, le groupe a fait revivre son répertoire pré-Dark Side, mettant en avant l’expérimentation psychédélique qui les avait initialement définis.

En interprétant des chansons comme « Astronomy Domine » et « Interstellar Overdrive », Mason a rappelé au monde que les racines de Pink Floyd étaient sauvages, imprévisibles et intrépides, tout comme ses premiers pas dans la batterie.

 

Héritage : Le pouls qui perdure

Nick Mason est souvent surnommé le « Floyd silencieux » – jamais aussi franc que Waters ni aussi emblématique que Gilmour. Mais sa contribution est tout aussi durable. Il est :

  • Le seul membre à avoir joué sur tous les albums de Pink Floyd.
  • Un batteur dont la retenue et l’atmosphère ont contribué à redéfinir la batterie rock.
  • Un auteur respecté et gardien de l’héritage de Pink Floyd.
  • Un défenseur de l’intégrité artistique plutôt que du spectacle.

Il a influencé des générations de musiciens en montrant que parfois, moins c’est plus, et qu’un battement de tambour peut être un murmure plutôt qu’un cri de guerre.

Nick Mason ne se contentait pas de marquer le rythme, il le façonnait. Il n’était jamais le plus bruyant de la salle, mais sa présence était toujours perceptible. Sa batterie a contribué à propulser le rock vers des univers philosophiques, oniriques et sonores. Dans un genre souvent empreint d’égo et d’excès, Mason est un modèle d’humilité artistique, de constance et de créativité.

Tant qu’il y aura des échos de Pink Floyd, il y aura des échos de la batterie de Nick Mason : subtils, pulsés et éternels.

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