Al Foster : le maître batteur et l’âme du kit

Le 28 mai 2025, une autre légende s’est éteinte. Sans que la cause soit révélée, un batteur de jazz virtuose est décédé à l’âge de 82 ans, comme l’a confirmé sa compagne de plus de 47 ans, Bonnie Rose Steinberg.

Pour les fans de batterie jazz, Al Foster est plus qu’un simple sideman : c’est un conteur rythmique. Avec un toucher léger comme l’air ou lourd comme il faut, Foster a passé des décennies à façonner le jazz moderne. Qu’il s’agisse du swing délicat de Sonny Rollins ou du groove hypnotique de la phase électrique de Miles Davis, son jeu est une véritable leçon d’écoute, de réaction et d’élévation. Pour les batteurs, il incarne l’équilibre subtil entre précision et liberté ; le genre de batteur qui ne se met jamais en travers de son chemin, mais qui rend toujours la musique plus agréable. Son parcours, des jam sessions de Harlem aux enregistrements historiques, est un incontournable pour tout batteur, non seulement pour trouver l’inspiration, mais aussi pour comprendre ce que signifie réellement servir la chanson.

 

Jeunesse et influences

Né Aloysius Tyrone Foster le 18 janvier 1943 à Richmond, en Virginie, et élevé à Harlem, dans l’État de New York, Al Foster a commencé la batterie vers l’âge de 12 ans. Ayant grandi dans l’un des épicentres du jazz, il s’est imprégné des riches sonorités du bebop, du R&B et du hard bop. Très tôt, il a été fasciné par le langage rythmique de Max Roach, Art Blakey, Philly Joe Jones et Elvin Jones, qui ont tous façonné sa compréhension du temps, du timbre et de la texture.

 

Faits marquants de la carrière

Début de carrière (années 1960)

Foster a débuté sa carrière professionnelle au début des années 1960, se forgeant une solide réputation dans les milieux du hard bop et du soul jazz. Il s’est fait connaître grâce à ses concerts avec Blue Mitchell et Lou Donaldson, établissant sa réputation de batteur élégant et fiable.

L’ère Miles Davis (1972-1985)

La carrière de Foster a atteint de nouveaux sommets lorsqu’il a rejoint le groupe de Miles Davis à temps plein en 1972. Figurant parmi les rares batteurs auxquels Davis faisait confiance, Foster a joué sur des albums qui ont marqué le genre, tels que Get Up With It (1974), Agharta (1975) et The Man with the Horn (1981). Contrairement à de nombreux batteurs de fusion, Foster a su conserver une forte sensibilité jazz même dans des environnements électriques influencés par le rock, offrant un mélange rare de groove, de fougue et de finesse.

Après Miles et au-delà

Après la retraite temporaire de Davis en 1975, Foster a continué à collaborer avec les plus grands noms du jazz : Sonny Rollins, Joe Henderson, Herbie Hancock, McCoy Tyner, Dexter Gordon et Stan Getz, entre autres. Il s’est également imposé comme leader d’orchestre, publiant des albums tels que Mr. Foster (1979), Brandyn (1999) et Inspirations and Dedications (2020).

 

Style de batterie

Al Foster est un batteur qui écoute d’abord et joue ensuite. Son style est marqué par :

  • Toucher et sensibilité : Un maître de la dynamique et du coup de pinceau
  • Swing et Pulse : Toujours en mouvement, toujours en respiration
  • Versatilité : À l’aise dans le jazz acoustique, la fusion et tout ce qui se trouve entre les deux
  • Subtilité plutôt que flash : Ses solos parlent avec nuance, pas avec volume

Il est admiré pour sa capacité à rendre la musique complexe naturelle et la musique naturelle transcendante.

 

Héritage

L’influence de Foster est profondément ressentie au sein de la communauté des batteurs. Il est vénéré non seulement pour les artistes avec lesquels il a joué, mais aussi pour la manière dont il jouait avec eux. De jeunes batteurs comme Brian Blade et Eric Harland le citent comme une influence fondamentale. Ses enregistrements sont appréciés pour leur musicalité, leur retenue et leur clarté émotionnelle. Foster illustre parfaitement l’idée qu’un bon batteur ne se résume pas à se faire remarquer, mais à améliorer la musique.

 

Pour en savoir plus sur Al Foster, consultez son site Web ici : https://aloysiusfoster.com/

 

Voici quelques vidéos marquantes d’Al Foster :

 

McCoy Tyner Trio – Al Foster drum solo

 

Al Foster – Jean-Pierre – New Morning 2004

 

L’art d’Al Foster réside dans les détails : les notes fantômes qu’on ressent plus qu’on n’entend, les choix de cymbales qui respirent, sa façon de pousser et de tirer sans jamais perturber le groove. C’est le genre de batteur que les autres étudient, non pas pour copier, mais pour comprendre jusqu’où peut aller le puits quand le groove rencontre la grâce. Dans un monde de fougue et de fureur, l’engagement de Foster pour le feeling, le rythme et la musicalité nous rappelle pourquoi nous sommes tombés amoureux de la batterie. Il n’est peut-être pas la voix la plus forte de la salle, mais pour ceux qui l’écoutent vraiment, il est l’une des plus importantes.

 

« He [Foster] knocked me out because he had such a groove and he would just lay it right in there. That was the kind of thing I was looking for. Al could set it up for everybody else to play off and just keep the groove going forever. » – Miles Davis

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