Le monde de la musique a été attristé récemment par la perte du grand Quincy Jones. Et hier, le 12 novembre 2024, une autre légende s’est éteinte : le « Snap Crackle » Roy Haynes.
Roy Haynes, affectueusement surnommé « Snap Crackle » pour son style de batterie vif et précis, est considéré comme l’un des batteurs de jazz les plus innovants et les plus durables. Né en 1925 à Boston, la carrière de Haynes s’étend sur plus de huit décennies, ce qui fait de lui l’une des figures les plus anciennes de l’histoire du jazz. Connu pour sa souplesse, son agilité et sa maîtrise rythmique, Haynes a été une force centrale derrière certains des enregistrements les plus influents du genre, jouant avec des légendes comme Charlie Parker, John Coltrane et Miles Davis. Son approche particulière du rythme, caractérisée par des accents spontanés et « claquants » et un timing sophistiqué, a propulsé la batterie de jazz vers de nouveaux territoires et a établi une norme élevée pour les batteurs de swing et de bebop.
Jeunesse et influences
Roy Owen Haynes est né le 13 mars 1925 à Roxbury, dans le Massachusetts, dans une famille d’origine caribéenne. Élevé dans un foyer tourné vers la musique, Haynes a montré un sens naturel du rythme dès son plus jeune âge. Il a commencé à jouer de la batterie à l’adolescence, fortement influencé par le swing et les sons des big bands de l’époque. Parmi ses premières idoles figuraient « Papa » Jo Jones, Chick Webb, Shadow Wilson et Kenny Clarke, Max Roach et Art Blakey, mais il a rapidement développé sa propre approche, visant à apporter plus d’expression personnelle et d’inventivité à la batterie de jazz.
Début de carrière
En 1945, Haynes débute sa carrière professionnelle en rejoignant le groupe du saxophoniste Luis Russell, qui lui ouvre les portes de son succès. Son jeu de batterie attire rapidement l’attention des plus grandes figures du jazz et, en 1947, il joue avec Lester Young, dont le style décontracté et inventif laisse une profonde empreinte sur Haynes. Il enchaîne ensuite avec des collaborations avec Charlie Parker, où il devient l’une des pierres angulaires du style rapide et complexe du Bebop. La capacité de Haynes à naviguer entre les tempos rapides et les rythmes non conventionnels du Bebop lui vaut une large reconnaissance.
Rise to Fame : collaborations et albums clés
Au cours des années 1950 et 1960, la carrière de Haynes a pris son envol alors qu’il collaborait avec certains des plus grands noms du jazz. Il a travaillé avec le pianiste Bud Powell, le trompettiste Miles Davis et le saxophoniste Stan Getz, entre autres, démontrant sa capacité à adapter son style à différents sons. Il a remplacé Elvin Jones au sein du John Coltrane Quartet de 1961 à 1965. Ses travaux avec John Coltrane ont marqué l’une des périodes les plus créatives de sa carrière, où les expérimentations rythmiques de Haynes ont ajouté de l’intensité et de la profondeur aux compositions de Coltrane. Ses accents de caisse claire uniques et « claquants » et sa capacité à équilibrer subtilité et explosivité ont également brillé dans les enregistrements avec Chick Corea, créant le son jazz fusion des années 1970, mélangeant les genres.
Style de batterie
Le style de batterie de Roy Haynes se définit par son « snap » distinctif, un accent aigu et syncopé qui ponctue son jeu. Son style combine des éléments de swing, de bebop et de jazz moderne, ce qui lui donne la polyvalence nécessaire pour s’adapter à divers contextes musicaux. Haynes utilise la batterie de manière mélodique, interagissant souvent avec les solistes en temps réel, ajoutant des fills spontanés et incorporant des accents décalés pour créer de la tension et de l’excitation. Connu pour son toucher léger mais affirmé sur la caisse claire et son jeu fluide sur les cymbales ride, l’approche du rythme de Haynes est conversationnelle, repoussant les limites du tempo et de la texture sans sacrifier le groove.
Héritage et influence
L’influence de Roy Haynes sur la batterie jazz est incommensurable. Il est considéré comme un pionnier de la transition entre les premiers styles de swing, le bebop et le post-bop, influençant d’innombrables batteurs, dont Elvin Jones, Jack DeJohnette et même des batteurs de rock comme John Bonham. Surnommé le « père de la batterie jazz moderne », Haynes a ouvert la voie à un style de batterie plus expressif et interactif, dans lequel le batteur pouvait jouer un rôle principal et mélodique dans un ensemble de jazz. Son adaptabilité et son approche innovante lui ont permis de rester pertinent à travers plusieurs générations de jazz, même s’il a continué à jouer jusqu’à plus de 90 ans.
La mort
Le 12 novembre 2024, Leslie Haynes-Gilmore, la fille de Roy Haynes, a confirmé son décès suite à une brève maladie. Il avait 99 ans.
Voici quelques vidéos de la légende, « Snap Crackle » Roy Haynes
Roy Haynes – Stan Getz Quartet – Steve Swallow – Gary Burton 1966
Roy Haynes – Blue ‘n Boogie (1973)
Roy Haynes with Chick Corea
JAZZ Stories
Roy Haynes se distingue par son « snap » rythmique et la façon dont il utilise la batterie comme un outil narratif. Son jeu de batterie est à la fois mélodique et percussif, ajoutant souvent des couches de conversation aux compositions de jazz. La capacité de Haynes à changer de tempo, à créer des accents décalés et à jouer avec un certain niveau de spontanéité fait de lui une icône de l’innovation. Connu sous le nom de « Snap Crackle », il joue comme s’il parlait à travers son kit, transformant la batterie de jazz d’un rythme de fond en une voix principale.
“It’s the way he breaks up time,”. “The accents he does with his different limbs are more complex than anything that came before him. The syncopation that he developed influenced all modern drummers. It sounds natural because it is natural. What he plays on the drums is the way he lives, the way he talks, the way he walks.”
– David Kikoski (son pianiste de longue date) to New York Times in 2000