Pierre-Etienne Michelin est l’un des batteurs les plus présent sur la scène française. Il a accompagné toute la nouvelle génération d’artiste, Amel Bent, Shy’m, Chimène Badi, Jonatan Cerrada… . En 2001, je fais sa connaissance lors de la première tournée de Jenifer. Je travaillais alors comme regisseur pour le groupe qui faisais les premières parties sur tous les zéniths de France, Sally Bat Des Ailes (SBDA pour les intimes).
Pierre-Etienne était au point le plus haut de la scène derrière sa batterie, dominant toute la scène et la salle. Un beat très rock, une frappe puissante et une musicalité rare, marqueront le jeune batteur de 22 ans que j’étais.
C’est donc tout naturellement, que pour la première interview de la WEB MUSIC SCHOOL, je me suis tourné vers lui. Il répondit immédiatement à l’appel avec se désir de transmettre sa passion et de parler de son métier.
J’espère que vous apprécierez ces quelques mots autant que moi. Sébastien.
FICHE SIGNALÉTIQUE
NOM : Michelin
PRÉNOM : Pierre-Étienne
Lieu de naissance : Clermont-Ferrand (63)
Date de naissance : 02/04/1971
Lieu d’habitation actuel : Paris
Réseaux sociaux :
Facebook : www.facebook.com/pierreetienne.michelin
Site web : en cours de construction
mon matériel
Pierre-Etienne est endorsé par Yamaha et Paiste.
Batterie :
Yamaha Birch Custom :
Grosse caisse : 24” 22” 18”
Toms : 8” 10” 12” 14” 16”
Yamaha Oak Custom :
Grosse caisse : 22”
Toms : 10” 10” 12” 14”
Yamaha Stage Custom
Grosse caisse : 20”
Toms : 8” 10” 13” 14”
Cymbales :
Paiste Signatures pour les crash et Paiste Dimensions pour la charleston et la ride.
Caisse claire :
Une dizaine de caisse claire Yamaha mais aussi une Ludwig Acier 14”, une black beauty, une Sonor Hilite 12”.
Les artistes que j’ai accompagné
Pierre-Etienne à accompagné beaucoup d’artistes, en voici quelques un :
Sur scène : Jenifer – Amel Bent – Shy’m – Jonatan Cerrada – Gospel pour 100 voix – Sept – Vincent Malone – Chimène Badi – Partenaires Particuliers – et actuellement, Michael Jones…
En studio : Trust – Patrick Bruel – Jenifer – Les voix de l’Enfance – Sheryfa Luna – Marianne James – Fred Blondin – Fiona Gélin – Jean-Pierre Marcellesi…
Quelques disques sur lesquels j’ai joué
Les Voix de l’Enfance :
Je reprends ma route – Single – Collectif » Les Voix De L’Enfant «
Jenifer :
Jenifer fait son live (live au Zénith 2005) – Jenifer
Sheryfa Luna : (Uniquement les Charlets ! :-)))
Sheryfa Luna – Sheryfa Luna
Thomas Vérovski :
L’amour qui va avec – Thomas Verovski
Jean-Pierre Marcellesi :
Solu Mai – Jean Pierre Marcellesi
Don Billiez :
Con Alma – Don Billiez
Fred Blondin :
Bonne journée – EP – Fred Blondin
Marko Balland :
Mille et un réveil – Marko Balland
Le spectacle musical “Soweto” :
Soweto (Le spectacle musical) – Various Artists
Eyan :
Le Pas Du Fou – eyan
Andréas Kay :
Unjustified – Andreas Kay
Fiona Gélin :
On devrait quelquefois – Passeport
Stéphanie Sandoz :
Jetlag – Stéphanie Sandoz
À côté d’elle… – Stéphanie Sandoz
Les artistes que j’accompagne sur scène en ce moment
Michael Jones :
Toutes les dates sont là : www.michael-jones.net
INTERVIEW
WMS : Comment as tu débuté la musique ?
P-E M : J’ai commencé la musique par la Flûte traversière à l’âge de 9 ans en 1980. Il se trouve qu’à cette époque, mes parents s’occupaient de réfugiés politiques sud-américains, et forcément, nous n’écoutions que de la musique brésilienne, chilienne, et colombienne. J’ai donc naturellement dévié sur la percussion. Puis, étant un enfant nécessitant une dépense d’énergie permanente, la batterie est devenu l’instrument le plus adéquat à mon tempérament.
Comment as tu appris la batterie ?
J’ai senti dès le début que toute ma vie se concentrerai autour de cet instrument, j’ai donc opté pour un apprentissage dans les règles, à savoir, une position parfaite (dos et poignets) ainsi qu’une maîtrise du solfège à toute épreuve. Les deux premières années (on est en 1986), un excellent prof de ma région (Hervé Habrard) m’a enseigné les bases avec les méthodes Agostini, et la technique de caisse claire.
Très rapidement, j’ai quitté la scolarité pour passer mes journées et mes nuits à essayer d’imiter les batteurs des groupes et artistes que j’écoutais. Je suis donc un peu “semi-autodidacte”.
Quelles sont tes influences musicales?
Je n’ai pas vraiment de style de prédilection, j’ai écouté et cherché à comprendre toutes les musiques qui pouvaient entrer dans mes oreilles. J’ingurgitais des milliers de morceaux, tout ce que je pouvais trouver chez moi, à la radio, dans des concerts où mes parents allaient, dans des boeufs improvisés qui se passaient à la maison, de sud-américains extravertis qui savouraient leur exil dans l’échange de notes imbibées de joies éthyliques.
Je crois pour ma part que je suis capable de prendre mon pied sur n’importe quel morceau dès lors que je le joue… Même des titres comme “La Chenille” ou “Tatayoyo”, je peux trouver un intérêt à les jouer. Il y a des musiques qui m’ennuient à écouter mais aucune à jouer.
Je suis incapable de citer des noms d’artistes qui m’ont influencés, tant il y en aurait et à vrai dire je ne me suis jamais intéressé aux noms ou aux parcours des gens que j’ai écouté.
Je n’ai quasiment jamais lu de pochettes d’albums. J’ai par conséquent, une culture musicale déplorable… Encore aujourd’hui, il m’arrive de confondre un titre des Beatles avec un titre de Led Zep ! (Rires) C’est pour te dire à quel point je ne m’intéressais qu’à la musique et jamais à ceux qui la jouaient !
Bien évidemment, j’ai dévoré les carrières des grands qui ont marqués la batterie. Ce sont les mêmes que 90% des batteurs à savoir:
– Steeve Gadd
– Manu Katché
– Simon Philips
– David Garibaldi
– Mike Clarke
– André Ceccarelli
et dans les plus récents:
– Jeff Ballard
– Abe Laboriel Jr
– Dave Grohl
Quels sont les 3 morceaux qu’un batteur devrait connaitre par coeur ?
Pfffff… impossible à choisir ! :-)))
Je dirais plutôt qu’il faudrait en connaître au moins trois de chaque style…
Mais en y réfléchissant, les 3 beats les plus importants seraient:
– Un bon binaire bien lourd D’AC/DC ou de Dave Grohl
– Un groove Binaire/ternaire de Steevie Wonder
– et un bon Shuffle de Simon Philips…
Pourquoi? Parce que c’est comme s’acheter un 4X4 en se disant qu’au moins tu passeras là où tu t’y attends le moins.
On trouve beaucoup d’outils pédagogiques, quels sont, pour toi, les incontournables ?
Ayant débuté sur les méthodes Agostini, c’est bien sûr celles qui me viennent en premier à l’esprit… Il y a aussi les méthodes de David Garibaldi qui m’ont bercées…
Aujourd’hui, il existe des concepts pédagogiques sur Internet que je trouve vraiment efficaces. Aussi, je ne suis pas étonné quand je vois le niveau si élevé de la jeune génération de musiciens qui arrive grâce au net. Je me dis parfois que si on avait eu ce puit de connaissance il y a 30 ans, notre manière de jouer ne serais pas la même aujourd’hui. Grâce au net, la pratique d’un instrument de musique est devenue plus que jamais accessible à tous et c’est une excellente chose.
Comment développer son propre jeu ?
Pour moi, il y n’y a que deux choses à faire. Jouer sur des titres qui nous procurent des sensations fortes tout en tentant d’y adapter des exercices techniques pour allier endurance, technicité avec MUSICALITÉ.
J’ai entendu dire un jour que la technique doit être une caisse à outils au service de sa propre créativité et personnalité, je suis tout à fait d’accord avec ça.
Comment te prépares tu pour jouer sur scène ?
D’abord je relève les titres sur partoche. Juste les beats avec les structures, il ne s’agit pas de relever les fills à la lettre… Je laisse ça à l’inspiration du moment.
Après tout dépend du temps qui est alloué aux répétitions.
Par contre je trouve qu’une préparation physique et psychologique avant de monter sur le ring est toujours bénéfique… Un bon échauffement de boxe, une méditation, des étirements, ou même des échauffements de poignets ne sont jamais vains.
Il ne faut jamais oublier que la batterie est un instrument physique.
Comme en théâtre, avoir une bonne maîtrise de son corps dans son ensemble, en apporte une bien meilleure aisance.
Comment te prépares tu pour jouer en studio ?
Pareil, lorsqu’il existe un enregistrement de pré-production, je relève juste les structures des titres. Ceci me donne aussi de bonnes indications sur les choix de matos que je vais amener le jour J.
Parfois certains réalisateurs aiment que tu arrives vierge de toute information afin d’exploiter au maximum ta spontanéité. Cela donne des résultats surprenants mais nécessite de bien se connaître les uns avec les autres et se faire pleinement confiance. En général, un réal qui te connaît sait parfaitement comment tu vas aborder les titres qui sont à enregistrer, certains ne te demandent même plus rien et ne font que valider ce que tu proposes.
Quel conseil donnerai tu aux débutants ?
De prendre un maximum de plaisir… Pour moi l’équation est assez simple:
La batterie, c’est essentiellement des automatismes, hors les automatismes ne se créent qu’avec des heures et des heures d’exercices répétitifs.
Celles-ci s’écoulent très vite quand on les passe à prendre son pied ! Il faut en profiter !
Chercher à explorer ses propres limites en tentant de reproduire les batteurs qui jouent sur les albums que l’on écoute, je trouve ça très productif, que l’on soit débutant où professionnel.
Combien de temps doit on travailler pour arriver à un bon niveau et à quelle fréquence ?
Difficile de répondre sans dire de banalités… Alors je vais dire des bonnes banalités !
Tout dépend de ce que l’on entend par “Bon Niveau”… Pour moi il n’existe pas de bon ou mauvais niveau, il n’y a que des niveaux différents, que l’on soit pro ou amateur.
Chaque secondes passées derrière son instrument contribue inexorablement à élever son niveau, donc je suppose logiquement que ce dernier est corrélatif au temps passé à travailler son instrument.
Quel exercice est il important de travailler ?
J’ai envie de dire que tout est bon à travailler ! Mais, quand même, la souplesse des poignets, donc les rudiments de caisse claire (frisés, roulés, moulins, flas, etc…) sont un peu comme la lubrification d’un moteur, ils sont impératifs.
Et aussi, LE SON ! L’importance de gérer le volume entre les différents instruments de la batterie. Par exemple, je trouve que beaucoup de batteurs “sous-mixent” la charleston dans leur jeu. Pour certains, il arrive même qu’on ne l’entende carrément plus, alors que c’est quasiment tout le temps lui qui donne le débit du groove. Il fait souvent office de clic pour les autres, il doit donc être bien présent et bien assumé.
A mon sens et à mon goût, l’équilibre sonore qui règne entre GROSSE CAISSE/CAISSE CLAIRE/CHARLESTON est primordial dans la musicalité d’un batteur. Je pense que c’est quelque chose de très important à considérer.
Aujourd’hui travailles tu toujours ton instrument ? quels types d’exercices ?
Heureusement que ma boulimie de batterie ne me laisse jamais de répit.
Il ne se passe pas 3 jours sans que je sois amené à jouer pour mon “Travail”.
Hors je suis toujours incapable de passer plus de 2 Jours sans m’asseoir derrière une batterie. Je ne peux pas dire que je “travaille mon instrument” mais quand je ne joue pas avec d’autres musiciens je me fais des petits plaisirs qui peuvent durer des heures, seul, dans mon studio.
Je peux aussi parfois regarder la télé, dans un hôtel par exemple, en faisant des moulins ou des frisés sur un oreiller.
Tes 2 plans favoris.
Je n’ai pas vraiment de plan favoris (même si évidemment, je fais toujours un peu les mêmes, faute de savoir en faire d’autres) (rires)… Par contre, il y en a certains auxquels je suis totalement allergique ! A savoir :
— Les descentes de toms en sextolet sur un titre binaire (Sauf si c’est Keith Moon…)
— Les sextolets sur une charleston au milieu d’un beat. (Sauf si c’est Steeve Gadd)
— Les roulés et autres fioritures sur le charlet pour faire genre “je sais pas quoi faire d’autre pour remplir un vide”… (Sauf si c’est Manu Katché).
Une anecdote de ta vie de musicien.
Un jour, j’ai eu une interview de trois pages dans Batteur Magazine. À la lecture de cet interview, je ne l’avais pas très bien vécue. Ayant beaucoup de mal à adhérer au concept même de la “Notoriété” (Si futile soit-elle), je trouve plus glorifiant la pédagogie et la transmission que la reconnaissance. Mais bon, je m’étais prêté volontier au jeu du sponsoring.
En attendant, ceci me valu un appel téléphonique d’Hervé, mon seul prof de batterie de mes deux premières années d’apprentissage. Il me sorti cette phrase qui me fit hurler de rire : “De tous mes élèves… de toute ma carrière… tu es bien le dernier sur lequel j’aurais misé un copec”. (double rires)
Et il avait bien raison ! j’étais le pire des élèves, je n’en foutais pas une… Je ne passais mon temps qu’à jouer sur des K7…
Sinon comme autre anecdote, un jour je jouais en première partie de Gilbert Bécaud. Après la balance il vint s’asseoir à côté de nous avec son verre de 18 ans d’âge à la main et nous sorti comme ça:
“Le plus dur dans ce métier, c’est les 30 premières années…. Après ça va.”
En fait, je n’ai pas vraiment d’anecdote avec un batteur célèbre parce qu’à chaque fois que j’en croise un, très vite nous débattons sur un sujet inépuisable: LA CHARLESTON bien sûr… 😉
Et généralement les grands batteurs de ce monde sont avant-tout de grands “charlétistes”.
Tu as un jeu de charleston très particulier pourrai-tu nous dire comment tu l’as travaillé ?
À 19 ans, j’ai fermé mon charlet pendant deux mois et j’ai joué la grosse caisse au pied gauche (je suis droitier bien sûr)… Du coup, lorsque je suis repassé en position normale, j’ai joué naturellement des ouvertures de charlet que je ne jouais pas avant, et je me suis rendu compte que des sonorités nouvelles pouvaient se dégager.
Après je ne prétend absolument pas avoir inventé quoi que ce soit, j’ai juste découvert quelque chose qui me plaisait. Ce sont des automatismes qui se sont développés tout seuls. C’est tout. Mais franchement je trouve que c’est à la portée de tout le monde, il suffit juste de le bosser un peu.
Tu as accompagné les plus grands artistes français, tu es parti plusieurs mois en tournée, comment on se prépare à jouer chaque soir le même répertoire ?
Dans ce genre de tournées, tu répètes longtemps, et quand tu arrives sur la première date, tu joues déjà instinctivement les choses. Ça permet de te perfectionner tous les soirs en mettant toute ton attention sur chaque détail et chaque note… C’est très enrichissant sur la durée. La difficulté est de rester parfaitement constant au fil des mois. Ni en faire trop par excès de confiance, ni pas assez par lassitude.
Tu tournes actuellement avec Michael Jones, comment se passe cette nouvelle collaboration ?
Franchement, je suis ravi. C’est quelqu’un qui aime la musique, les musiciens, et les bonnes choses de la vie. Sa musique, il l’a joue avec plein de générosité, tu sens qu’il prend vraiment du plaisir sur scène et qu’il aime en donner. Du coup, ça se joue tranquille, aucune pression, tu as juste à te positionner en “planteur de clous”…
Pour reprendre l’expression d’un de mes frangins bassiste Pat Loiseau…. “Ça se joue les pied dans la bassine, un havane à la bouche, et un bourbon à la main”… C’est exactement ça.
Merci Pierre-Etienne d’avoir accepté mon invitation pour cette interview, et j’espère retravailler avec toi prochainement.
J’espère que vous aurez apprécié ce moment autant que moi, n’hésitez pas à aller voir Pierre-Etienne en concert. Prochainement son site web sera en ligne, à cette occasion je ferai une news.